Thibault Jehanne, né en 1989, vit et travaille à Caen.
Cette phrase du vidéaste Mark Lewis me fascine : « Le problème du film c’est qu’il commence et qu’il finit, par conséquent il n’est jamais vraiment là » Ce « jamais vraiment là » me passionne ; une quasi-présence, une presque absence. À l’origine du cinéma, Marey invente une machine pour observer le mouvement, pour tenter de photographier l’insaisissable, ce que l’œil ne perçoit pas : une image fugitive. Au cours de l’histoire, le temps d’exposition d’une image est passé de plusieurs heures à une fraction de seconde. À la longue, la tentative de capter cet insaisissable est devenue chose commune, pourtant notre regard porté sur les images est devenu peut-être plus succinct. L’image, plus apte à capturer, s’éclipse de la mémoire, nous glisse entre les doigts par sa profusion.
Travaillant fréquemment sous forme d’installations vidéo, de projections et de diffusions sonores, je tâche de donner à cette image fugitive, un temps pour la contempler. Par la manipulation des différents outils liés à la conception d’images, j’essaye de produire un langage audiovisuel aux frontières du virtuel et du réel. L’exploration de l’image et du son dans mon travail peut prendre des formes variées : films réalisés à partir de webcams en streaming, de téléphone portable, ou encore film sonore sans image...
THIBAULT JEHANNE
« La voiture s’est engagée sur la route mais la mer commençait déjà à monter très vite sur la chaussée. Alors qu’elle se trouvait à mi-chemin, elle a calé dans l’eau. Debout sur le toit de l’automobile, un couple piégé par la marée montante. L’automobile a ensuite été déportée par le courant. Ils étaient à 200 mètres du rivage quand je les ai entendus appeler au secours. Ils semblaient paniquer. J’ai vu l’eau s’engouffrer dans la voiture, puis recouvrir le véhicule peu à peu. »
Source & remerciements : Thibault Jehanne