Une invitation de PACA & Virginia Lopez

Du 06 au 30 Octobre 2016 // Musée Ferroviaire des Asturies

Gijón - Espagne

 

Virginia Lopez, directrice artistique de la structure espagnole PACA (Proyectos Artisticos de la Casa Antonio), œuvrant autour du paysage rural des Asturies, invite durant tout le mois d’octobre la Vidéothèque à présenter des vidéos d’artistes lors d’une exposition collective intitulée « Trabajar per comer » (Travailler pour manger). Il s’agit alors de réfléchir aux problématiques agricoles et rurales actuelles, et la manière dont le paysage s’en trouve métamorphosé. La Vidéothèque a choisi de montrer quatre vidéos déclinant un paysage contemporain, altéré, voire menacé, par des logiques économiques, politiques et sociales. Le paysage se meut en territoire aménagé, et fait face à de nombreux plans de (dé)constructions. Le titre de l’exposition, « Glissements » représente bien ces mutations rapides du paysage. La maison, présente dans toutes les vidéos, met en exergue ces changements : en ruines, en phase de déconstruction, ou fraîchement construite, elle interroge les problématiques de territoires actuels (abandon, sur-construction, projets court terme, manque de prise en compte de l’environnement etc.) mais aussi dans une autre mesure les rapports souvent complexes intérieurs/ extérieurs.

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Dans la vidéo « Mirages », Isabelle Hayeur nous montre des terres québecoises fertiles dominées, grignotées par des lotissements neufs de maisons toutes similaires, toutes plus luxueuses et effrayantes les unes que les autres. On observe la disparition de terres agricoles, au profit de chantiers.

« La villa Jumelle » de Yasmina Benabderrahmane est une histoire de déconstruction, celle d’une meulière du début du siècle entourée d’un paysage qui lui a évolué vers une industrialisation. Filmé en super 8, avec un montage rappelant le found-footage, il est question de temps ici, auquel le paysage ne peut échapper.

Anne-charlotte Finel nous montre une image curieuse, magnétique et sombre, de paysages asséchés. La vidéo s’intitule « Barrage ». Au cœur, une maison en ruine, telle une épave, refait surface, auparavant engloutie par les eaux. Là aussi, la maison est représentée comme victime d’une réorganisation spatiale.

Enfin, la dernière vidéo présentée, la plus étrange peut-être, celle d’Ailbhe Ní Bhriain, artiste irlandaise, montre un paysage de collines dressées d’éoliennes où siège une maison en ruine. Dans « Great good places IV » les lumières du jour changent et l’artiste nous donne à voir les différentes pièces de la maison, mais toujours vues de l’extérieur. Le temps semble suspendu, il s’agit ici de questionner l’espace intérieur et la manière dont le paysage environnant le traverse et le conditionne.

Quelques mots sur le mode d’exposition. Virginia Lopez a proposé à la Vidéothèque de présenter les films au sein du Musée Ferroviaire des Asturies, dans deux locomotives du début du siècle. Il nous vient alors à l’esprit le « ciné-train » d’Alexandre Medvedkine, qui tournait, montait, puis projetait ses films à travers la campagne soviétique pour mieux faire apparaître les conditions de travail des paysans et la réalité sociale et politique de la Russie des années 30. Montrer ces quatre vidéos d’artistes dans ces wagons, en référence à Medvedkine, ne peut que faire sens et orienter nos esprits vers plus de clarté quant à nos paysages d’aujourd’hui et leur(s) devenir(s) possible(s).

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Commissaire : Chloé Dragna

 

Artistes : Isabelle Hayeur (QB), Ailbhe Ní Bhriain (IR), Anne-Charlotte Finel (FR), Yasmina Benabderrahmane (FR).

 

La Vidéothèque remercie chaleureusement Virginia Lopez & PACA pour leur invitation.